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L’entrepreneuriat féminin : le plus grand potentiel commercial inexploité du Canada

Les entrepreneurs sont les moteurs de l’innovation, de la création d’emplois et de la croissance économique. Sans ces personnes dévouées qui se lancent en affaires, le Canada serait privé d’un ingrédient essentiel pour se sortir d’un malaise économique qui dure depuis des dizaines d’années. 

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Business Data Lab

Le Canada a un problème d’entrepreneuriat — le nombre de nouvelles entreprises lancées et le nombre de personnes exerçant une activité indépendante ont chuté au cours des deux dernières décennies. Les entrepreneurs sont les moteurs de l’innovation, de la création d’emplois et de la croissance économique. Sans ces personnes dévouées qui se lancent en affaires, le Canada serait privé d’un ingrédient essentiel pour se sortir d’un malaise économique qui dure depuis des dizaines d’années. 

En particulier, les entrepreneuses représentent un potentiel important et inexploité pour l’économie canadienne. Cependant, notre nouveau rapport, intitulé « L’entrepreneuriat féminin : le plus grand potentiel commercial inexploité du Canada, qui examine le statut des entrepreneuses au Canada, révèle que le Canada compte une part plus élevée que la moyenne de femmes entrepreneuses manquantes; des entrepreneuses qui pourraient être incluses dans le paysage économique et commercial si les obstacles fondés sur le genre et l’intersectionnalité étaient éliminés.

L’état de l’entrepreneuriat féminin au Canada


Dans le budget 2018, le gouvernement du Canada a publié sa première Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat. La SFE avait pour objectif de doubler le nombre d’entreprises appartenant à des femmes d’ici 2025. Selon nos calculs, cela reviendrait à ajouter environ 170 000 entreprises appartenant à des femmes. Aujourd’hui, il reste toujours un écart d’environ 150 000 entreprises.

Source : Estimations de 2005 à 2018 de Statistique Canada, tableau 33-10-0191-0. Données de 2020 à 2024 basées sur l’analyse du LDE, Statistique Canada, Enquête canadienne sur la situation des entreprises de 2020 à 2024 T1-T4. Voir les notes complémentaires sur les données à la diapositive 37.

Les entrepreneurs manquants


Un rapport de l’OCDE, Pallier la pénurie d’entrepreneurs, s’est penché sur « les personnes issues de groupes sous-représentés qui ne participent pas à l’entrepreneuriat, mais qui pourraient le faire. » En nous basant sur ces données, nous estimons le nombre d’entrepreneuses manquantes à environ 710 000, ce qui représente 78 % du total des entrepreneurs manquants au Canada. Ce chiffre est supérieur à la moyenne de l’OCDE de 73 %.

La perte économique estimée liée à l’absence de ces 710 000 entrepreneuses au cours des 7 ou 8 dernières années est d’au moins 150 milliards de dollars, voire jusqu’à 180 milliards de dollars (d’après nos estimations) — ce qui représenterait une augmentation cumulée du PIB de 6 % ou plus!

Source : Analyse du LDE, calcul de l’OCDE basé sur le GEM (2023). Tableaux spéciaux pour l’OCDE de l’enquête sur la population adulte du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) pour les années 2018 à 2022.

Où sont les entrepreneuses manquantes au Canada?


Bien que l’écart de représentation entre la part des entreprises appartenant majoritairement à des femmes et la part de la population soit le plus élevé dans les Prairies, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, si on se base sur le chiffre estimé de 710 000 entrepreneuses manquantes, les deux tiers des entreprises appartenant à des femmes manquantes au Canada se trouvent en fait en Ontario et au Québec.

Sources : Analyse du LDE; Statistique Canada, Enquête canadienne sur la situation des entreprises (T1-T4 2024).
Remarque : Le nombre d’entreprises est calculé en faisant la moyenne des quatre trimestres, population tirée du tableau : 17-10-0005-01 (anciennement CANSIM 051-0001).

Près de 60 % des entreprises détenues majoritairement par des femmes sont regroupées dans des secteurs genrés — soins de santé, services professionnels et commerce de détail — alors que les entreprises détenues majoritairement par des hommes sont plus diversifiées du point de vue sectoriel. Les entreprises appartenant majoritairement à des femmes présentent les écarts de représentation les plus importants dans les secteurs de la construction, de l’exploitation minière, du pétrole et du gaz, ainsi que des transports et de l’entreposage.

Sources : Analyse du LDE; Statistique Canada, Enquête canadienne sur la situation des entreprises, T1-T4 2024. 

Recommandations en matière de politiques


En cette période cruciale pour notre économie, le gouvernement a la possibilité de faire croître le PIB et de stimuler l’innovation, la productivité et la croissance en soutenant les entrepreneuses par le biais de mesures politiques stratégiques. 

Compétences et formation en entrepreneuriat

  • Revoir et clarifier les définitions dans la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat en les alignant avec les critères avancés par ONU Femmes afin d’améliorer et de privilégier l’accès des entreprises détenues par des femmes à l’ensemble des programmes financés par le gouvernement fédéral.
  • Investir et faciliter l’accès aux programmes de développement des compétences pour les femmes en entrepreneuriat, y compris les entreprises détenues par des femmes qui sont prêtes à entrer sur le marché, à se développer et à croître, en particulier dans les industries et les secteurs où la représentation est faible.
  • Améliorer la consolidation de l’ensemble des politiques et programmes de soutien fédéraux et provinciaux dans le cadre d’un portail de connaissances à jour pour les entrepreneuses.
  • Envisager d’offrir un soutien financier direct aux femmes issues de milieux à faibles revenus afin de faire face aux obstacles, notamment le coût de la formation.

Soutiens institutionnels et administratifs

  • Améliorer les conditions institutionnelles et examiner les politiques familiales et fiscales relatives aux soins non rémunérés et aux activités non liées aux soins qui entravent la participation des femmes au marché du travail et l’entrepreneuriat féminin.
  • Réaliser des évaluations multipartites et sectorielles qui examinent le potentiel inexploité que représentent les entreprises détenues par des femmes.

Culture et réseau

  • Continuer à assurer une formation actualisée sur les préjugés inconscients et implicites pour les décideurs, en particulier au niveau gouvernemental et au sein des institutions financières.
  • Élargir le soutien aux entrepreneuses par le biais de programmes de santé mentale et de garde d’enfants, en particulier pour les femmes issues de groupes sous-représentés et intersectionnels.
  • Regrouper dans une liste publique les possibilités de réseautage, de mentorat et de parrainage au niveau local, provincial et national.

Capitaux et finances

  • Améliorer l’accès au financement (prêts, capital-risque, technologie financière, sociofinancement ou investissement providentiel) en développant des modèles de prestation innovants, conçus pour répondre aux besoins des entrepreneuses et accroître la responsabilité et la transparence.
  • Identifier les obstacles contraignants et prohibitifs grâce à des produits et services financiers adaptés aux entreprises dirigées par des femmes.

Pour en savoir plus sur les observations et les ressources disponibles pour les entrepreneuses, vous pouvez consulter le rapport complet.


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