Compromettre la production industrielle aux États-Unis démystifier les tarifs douaniers sur l’aluminium

Debunking Aluminum Tariff Myths

 
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Laboratoire de données sur les entreprises

Le Canada fournit près de la moitié de l’aluminium primaire utilisé aux États-Unis, et ce, d’une manière plus propre, moins coûteuse et plus fiable que toute autre source. Cet aluminium est utilisé par plusieurs industries américaines, notamment celles du transport automobile, de l’aéronautique, de la construction et de l’emballage. Pourtant, en mars 2025, les États-Unis ont réintroduit un tarif douanier de 25 % sur l’aluminium canadien. Cette décision pourrait entraîner une hausse des coûts et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, et fragiliser les entreprises américaines qui ont besoin d’intrants stables et abordables.

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Mythe : « Nous avons la capacité de produire notre propre aluminium. »

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La réalité :

  • Les alumineries américaines fonctionnent presque à plein régime, mais elles accusent encore un déficit annuel de 1,2 million de tonnes. Le Canada comble actuellement cette différence.
  • Depuis plusieurs décennies, les raffineries d’aluminium américaines ont progressivement fermé, victimes des coûts élevés de l’énergie et de la main-d’œuvre. À elle seule, l’électricité représente jusqu’à 40 % des coûts de production de l’aluminium. En effet, les coûts énergétiques aux États-Unis sont 32 % plus élevés qu’au Canada. La main-d’œuvre américaine coûte également 31 % de plus que la main-d’œuvre canadienne.
  • Construire de nouvelles alumineries ne constitue pas une solution à court terme. Malgré un financement de 500 millions de dollars du département de l’énergie, les installations américaines prévues par Century Aluminum ne seront pas opérationnelles avant au moins trois ans.
  • La délocalisation entraînerait une hausse des coûts de production de 350 à 600 dollars par tonne, soit une augmentation d’environ 9 %. Cette hausse forcera les entreprises américaines à dépenser des milliards de dollars de plus par an dans des secteurs clés.
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Mythe : « Nous pouvons facilement importer de l’aluminium d’autres pays. »

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La réalité :

  • S’éloigner du Canada ne résout pas le problème de la dépendance; il ne fait que le déplacer vers un endroit plus éloigné et plus coûteux.
  • Les autres grands exportateurs, comme la Chine, la Russie et le Moyen-Orient, comportent leurs lots de risques :
    • Chine : Sécurité nationale, respect de la réglementation et préoccupations en matière d’ESG.
    • Russie : Sanctions et instabilité de la chaîne d’approvisionnement.
    • Moyen-Orient : Longues distances de transport et volatilité des coûts de l’énergie.
  • L’aluminium canadien est acheminé par voie terrestre et alimenté par hydroélectricité, ce qui le rend abordable, écologique et pratique sur le plan logistique.
  • Abandonner le Canada signifie des délais de livraison plus longs, des coûts plus élevés et des livraisons plus imprévisibles — exactement le genre de frictions dont les fabricants américains peuvent se passer.
  • Même s’ils intensifient leurs activités métallurgiques, les États-Unis dépendraient toujours des matières premières importées, les réserves de bauxite américaines étant pratiquement inexistantes.
  • Conscients que les tarifs douaniers sont mauvais pour les affaires et perturbent les chaînes d’approvisionnement, les exportations canadiennes d’aluminium vers les États-Unis ont bondi de 305 millions de dollars après l’annulation des tarifs douaniers sur l’aluminium par l’administration américaine à la fin de 2024.

Le stockage d’aluminium bondit avant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers américains

Source : Calculs du LDE basés sur les données de Statistique Canada.
*Remarque : Fondé sur des données d’exportation mensuelles récentes supérieures à la moyenne
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Mythe : « Les tarifs aideront les travailleurs américains ».

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La réalité :

  • L’aluminium est un intrant et non un produit fini. Les États-Unis se sont spécialisés dans la fabrication d’aluminium en aval (plaques et rouleaux), qui dépend d’un approvisionnement stable et abordable en aluminium brut canadien.
  • En 2023, les sociétés américaines ont importé pour 7,56 milliards de dollars américains d’aluminium en provenance du Canada. Une augmentation des coûts de 9 % sur ce volume équivaut à des centaines de millions de dollars de dépenses additionnelles sur les intrants. Ces coûts seront transférés aux acheteurs d’automobiles, aux constructeurs immobiliers et aux consommateurs.
  • Les villes de Détroit, Louisville, Kansas City, San Antonio et Nashville, qui sont des centres industriels majeurs, comptent parmi celles dont les exportations dépendent le plus du Canada. Les tarifs douaniers ne relanceront pas la production dans ces villes. Au contraire, ils feront augmenter les coûts pour les fabricants américains, réduiront les marges et mettront en péril l’emploi local.

Les tarifs sur l’aluminium canadien sont une taxe sur l’industrie américaine, sous le couvert du protectionnisme.Ils n’arriveront pas à faire renaître les alumineries. En revanche, ils augmenteront les prix, réduiront les marges et transmettront les surcoûts aux consommateurs américains. De plus, ces mesures affaibliront les relations commerciales des États-Unis avec leur partenaire le plus proche et le plus stable, sans leur offrir une véritable voie vers l’autosuffisance. Pour rapatrier la production de manière stratégique, les États-Unis devront mettre en place des politiques visant à renforcer la compétitivité de leur industrie plutôt que d’imposer des taxes protectionnistes dans un esprit de nationalisme.

Références d’information : 

Analyse du Laboratoire de données sur les entreprises (LDE) de la Chambre de commerce du Canada, basée sur des données commerciales, des normes de référence de l’industrie et des estimations de l’impact au niveau du secteur pour évaluer les effets potentiels des tarifs douaniers américains sur les chaînes d’approvisionnement, les coûts pour les consommateurs et la production transfrontalière.

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