Principales conclusions du nouveau rapport du LDE
Des racines aux routes : Les immigrants entrepreneurs et comment ils façonnent l’avenir commercial du Canada
Les entrepreneurs immigrants n’opèrent pas en marge de l’économie; ils jouent un rôle central dans la vitalité économique du Canada. Des racines aux routes : les immigrants entrepreneurs et comment ils façonnent l’avenir commercial du Canada, le nouveau rapport de recherche du Laboratoire de données sur les entreprises, explore la situation complexe et nuancée de l’entrepreneuriat immigrant au Canada et se penche sur le potentiel de ces entrepreneurs à faire progresser les efforts de diversification des échanges commerciaux du Canada.

Quelques faits
- Les immigrants sont plus susceptibles que les personnes nées au Canada de posséder une entreprise (11,9 % des immigrants contre 8,4 % des personnes nées au Canada).
- En 2020, les entreprises appartenant à des immigrants emploieront environ 810 000 personnes.
- En 2020, 16,4 % de toutes les entreprises canadiennes exportatrices actives dans le commerce de marchandises appartenaient à des immigrants.
Terminologie à connaître

Appartenant à des immigrants : Un ou plusieurs immigrants détiennent collectivement plus de 50 % d’une entreprise. Le rapport comptabilise les entreprises détenues directement par des individus et exclut celles détenues par d’autres sociétés.
Entreprise constituée en société : Entités juridiques enregistrées employant la plupart du temps du personnel, opérant à grande échelle et soumises à l’impôt sur les sociétés et aux obligations réglementaires.
Entreprise non constituée en société : Généralement, il s’agit d’entreprises individuelles ou de partenariats informels. Elles ne sont pas juridiquement distinctes de leurs propriétaires, sont souvent plus petites et tendent à refléter un esprit d’entreprise à un stade précoce ou motivé par la nécessité.
Qui sont les entrepreneurs immigrants au Canada?
En 2010, on dénombrait environ 247 000 entreprises constituées en société appartenant à des immigrants. En 2020, ce nombre avait presque doublé pour atteindre 474 000, ce qui représente plus de la moitié de toutes les nouvelles entreprises constituées en société créées au cours de cette période. Parallèlement, les entreprises non constituées appartenant à des immigrants sont passées d’environ 180 000 en 2010 à environ 342 000 en 2020.
Part de la participation majoritaire, statut d’immigrant, 2010-2020 Répartition en pourcentage du nombre total d’entreprises, constituées et non constituées en société

Sources des données : Analyse du LDE, calculs des auteurs à partir de la BDCEE
Les entreprises appartenant à des immigrants présentent des différences significatives en fonction du sexe, de la taille de l’entreprise, du secteur d’activité et de la région.

Genre
Les hommes immigrants sont environ deux fois plus susceptibles de posséder une entreprise que les femmes immigrantes. Les femmes représentent environ 27 à 29 % des propriétaires d’entreprises immigrants.

Taille de l’entreprise
En 2010, près de 98 % des entreprises appartenant à des immigrants employaient moins de 10 personnes. Alors que le nombre d’entreprises appartenant à des immigrants avait presque doublé en 2020, la part de celles comptant moins de 10 travailleurs est restée constante.

Géographie
La répartition géographique des entreprises appartenant à des immigrants reflète étroitement les tendances observées au Canada en matière d’établissement des immigrants. L’Ontario compte plus de la moitié de toutes les entreprises appartenant à des immigrants au Canada (environ 446 000), ce qui correspond à la position de l’Ontario en tant que terre d’accueil de près de la moitié de la population immigrée du Canada.
Après l’Ontario, on trouve la Colombie-Britannique avec environ 18 % de toutes les entreprises appartenant à des immigrants, l’Alberta avec environ 12 % et le Québec avec 11 %.

Secteurs d’activité
En 2020, 60 % des entreprises appartenant à des immigrants au Canada étaient principalement concentrées dans les secteurs du transport et de l’entreposage, de l’immobilier et de la location et de la location à bail, des services professionnels, scientifiques et techniques, de la construction et du commerce de détail. Cependant, lorsqu’on se concentre exclusivement sur les entreprises qui ont déclaré des revenus en 2020, les services professionnels, scientifiques et techniques deviennent le principal secteur d’activité, dépassant le transport et l’entreposage.
Il est important de reconnaître que la proéminence des transports et des services professionnels peut en partie refléter la participation à des rôles de l’économie à la demande ou à des activités entrepreneuriales comportant moins de barrières (par exemple, le camionnage par propriétaires exploitants, le transport en covoiturage et le conseil indépendant).
La contribution économique des entrepreneurs immigrants

Bien que les entreprises appartenant à des immigrants soient de petite taille, leur contribution économique ne l’est pas.
L’augmentation du nombre d’entreprises appartenant à des immigrants entre 2010 et 2020 s’est accompagnée d’une hausse de leur impact sur l’emploi, la contribution salariale et les recettes. En 2020…
- Les entreprises appartenant à des immigrants employaient directement environ 810 000 personnes, contre 597 000 en 2010.
- Les entreprises appartenant à des immigrants ont déboursé près de 35 milliards de dollars en salaires et traitements déclarés sur les feuillets T4, contre 20 milliards de dollars en 2010.
- Les entreprises appartenant à des immigrants ont eu des revenus annuels totaux de 218 milliards de dollars, en hausse par rapport à 93 milliards de dollars en 2010.
Contribution économique des entreprises appartenant à des immigrants, 2010-20 Constituées et non constituées (non corrigé de l’IPC)

Remarque : L’axe de gauche indique le nombre d’employés, tandis que l’axe de droite indique la masse salariale et le revenu total en milliards de dollars canadiens (CAD).
Sources des données : Analyse du LDE, calculs des auteurs à partir de la BDCEE
L’influence du pays/de la région d’origine
Alors que les entrepreneurs issus de l’immigration au Canada sont souvent considérés comme un groupe unique, les résultats de leurs entreprises varient considérablement en fonction du pays ou de la région d’origine du propriétaire. Cela influence leur probabilité d’innover, d’exporter et d’opérer dans des secteurs liés à l’économie mondiale.
Sur les quelque 400 000 entreprises appartenant à des immigrants qui ont déclaré des revenus, les cinq principaux pays/régions d’origine sont les suivants :
- Inde (24 %)
- Chine continentale (13 %)
- Iran (5 %)
- Pakistan (4 %)
- Hong Kong (RAS) et le Royaume-Uni (3 %)
Répartition des 10 premiers pays d’origine des entreprises appartenant à des immigrants (déclarant des revenus), 2020 Répartition en tant que part des entreprises générant des revenus appartenant à des immigrants, constituées en société et non constituées en société

Sources des données : Analyse du LDE, calculs des auteurs à partir de la BDCEE
Influence du pays d’origine sur le choix du secteur d’activité
- Services professionnels, scientifiques et techniques (PST) : Les entrepreneurs immigrants sont principalement originaires d’Inde, de Chine continentale, d’Iran, du Pakistan et du Royaume-Uni.
- Transport et entreposage : Les entrepreneurs immigrants sont principalement originaires d’Inde, du Pakistan, du Sri Lanka, de Pologne et de Russie.
- Construction : Les entrepreneurs immigrants sont principalement originaires d’Inde, de Chine continentale, d’Iran, de Pologne et du Royaume-Uni.
- Commerce de détail : Les entrepreneurs immigrants sont principalement originaires de Chine continentale, d’Inde, du Pakistan, du Liban et d’Iran.
- Soins de santé et assistance sociale : Les entrepreneurs immigrants sont principalement originaires d’Inde, d’Iran, d’Afrique du Sud, de Chine continentale et du Royaume-Uni.
Influence du pays/de la région d’origine sur le commerce

Seule une petite partie des entreprises appartenant à des immigrants a fait état d’activités d’exportation. Des facteurs comme un accès limité au capital, une intégration plus faible dans les chaînes d’approvisionnement établies et une moindre connaissance des programmes commerciaux fédéraux contribuent à ces résultats. Malgré tout, la tendance est à la hausse; la part des immigrants exportateurs est passée de 12 % en 2010 à plus de 16 % en 2020.
Répartition des exportateurs appartenant à des immigrants, 2010-20 Répartition en tant que part des entreprises exportatrices de marchandises, constituées en société et non constituées en société

Sources des données : Analyse du LDE, calculs des auteurs à partir de la BDCEE
En 2020, les entrepreneurs immigrants originaires de Chine continentale, d’Inde, d’Iran, de Hong Kong (RAS) et du Royaume-Uni étaient parmi les plus actifs à l’exportation, les entreprises originaires de Chine continentale représentant près de 18 % des exportateurs appartenant à des immigrants.
Les entrepreneurs réfugiés

De 2010 à 2020, les entreprises appartenant à des réfugiés qui ont généré des revenus ont constamment représenté entre 12 et 14 % de toutes les entreprises appartenant à des immigrants et générant des revenus au Canada. Elles sont surtout présentes dans les secteurs où les obstacles à l’entrée sont moins importants, comme la logistique, l’entreposage, le commerce de détail et les services alimentaires, où la détermination, les compétences pratiques et les réseaux communautaires comptent souvent plus que les diplômes officiels.
Libérer le potentiel des entrepreneurs immigrants
Les entreprises appartenant à des immigrants sont en train de façonner l’économie et les structures commerciales du Canada de demain. Avec le soutien adéquat, le Canada pourrait libérer une plus grande partie de ce potentiel.
Recommandations
- Un financement à la hauteur des ambitions — Élargir l’accès au capital pour les entreprises détenues par des immigrants, des microcrédits au financement de la croissance, en accordant une attention particulière aux besoins des entreprises en phase de démarrage et d’expansion.
- Préparation à l’exportation et facilitation du commerce — Doter les entreprises dirigées par la diaspora et orientées vers le monde d’outils, de réseaux et de financements leur permettant d’être compétitives à l’échelle internationale.
- Reconnaissance des titres de compétences et navigation réglementaire — Supprimer les obstacles qui empêchent les immigrants hautement qualifiés de contribuer pleinement aux secteurs réglementés, tout en soutenant les transitions vers les industries adjacentes à forte valeur ajoutée.
- Marchés publics et accès au marché inclusifs — Ouvrir les portes des chaînes d’approvisionnement publiques et privées, en permettant aux entreprises détenues par des immigrants de concourir pour des contrats plus importants.
- Stratégies tenant compte de la dimension de genre — S’attaquer aux obstacles structurels et intersectionnels auxquels sont confrontées les entrepreneuses immigrantes grâce à des aides groupées qui combinent financement, formation, garde d’enfants et réseaux.