Comment créer une urgence énergétique
Démystifier les mythes sur les tarifs douaniers imposés au pétrole brut

Laboratoire de données sur les entreprises
Les filières pétrolières canadienne et américaine sont complémentaires. Le Canada produit principalement du brut lourd, tandis que les États-Unis se spécialisent dans le pétrole de schiste, plus léger. Cette différence explique pourquoi environ 70 % des raffineries américaines sont configurées spécifiquement pour traiter des bruts lourds comme le Western Canadian Select (WCS) du Canada.
La proximité géographique et les oléoducs existants rendent le pétrole canadien non seulement compétitif sur le plan économique, mais aussi essentiel au maintien de l’efficacité du raffinage et de la sécurité énergétique des États-Unis.
Le pétrole canadien alimente la sécurité énergétique des États-Unis d’un océan à l’autre


Mythe : « Nous pouvons simplement utiliser notre propre pétrole. »

La réalité :
- La consommation de pétrole aux États-Unis (19,7 millions de barils par jour) dépasse largement la production nationale (12,1 millions de barils par jour), ce qui oblige à importer pour répondre à la demande.
- Les États-Unis produisent essentiellement du pétrole léger, qui ne convient pas à de nombreuses raffineries américaines actuellement conçues pour les bruts lourds. Le réaménagement de ces raffineries coûterait entre 1 et 3 milliards de dollars par installation. Même si davantage de pétrole américain était disponible, l’infrastructure des oléoducs ne l’est pas. La construction d’un oléoduc de 1 400 miles entre le golfe du Mexique et les raffineries du Midwest coûterait environ 8,5 milliards de dollars américains et serait soumise à des retards réglementaires pendant des années.
- Même si le pétrole américain était disponible en plus grande quantité, l’infrastructure des oléoducs ne l’est pas. La construction d’un oléoduc de 1 400 miles (2 250 km) entre le golfe du Mexique et les raffineries du Midwest coûterait environ 8,5 milliards de dollars américains et serait exposée à des retards réglementaires pendant des années.

Mythe : « Il sera facile de remplacer le pétrole canadien. »

La réalité :
- Le Canada fournit plus de 60 % des importations américaines de pétrole brut. Pour remplacer l’approvisionnement canadien, il faudrait développer plus de 55 nouveaux champs pétroliers à grande échelle, chacun coûtant plus de 5 milliards de dollars américains et nécessitant 5 à 10 ans pour devenir opérationnel.
- Le passage au pétrole léger américain réduirait l’efficacité du raffinage et la production de produits clés comme le diesel, l’asphalte, les lubrifiants et les produits pétrochimiques.
- D’un point de vue économique, le WCS se négocie généralement avec une décote par rapport au West Texas Intermediate (WTI), ce qui rend le pétrole canadien plus abordable et plus rentable à raffiner.

Mythe : « Nous pouvons acheter du pétrole ailleurs. »

La réalité :
- Oui, le Venezuela et la Russie produisent un brut lourd similaire au nôtre, mais ces pays font l’objet de sanctions américaines, ce qui rend l’approvisionnement à court terme quasiment impossible.
- Même si les sanctions étaient levées, le transport du pétrole de ces pays vers les raffineries de l’intérieur des États-Unis est beaucoup plus coûteux et complexe d’un point de vue logistique :
- Canada (par oléoduc) : 2-4 USD par baril
- Venezuela : 17-25 USD le baril
- Russie : 20-30 USD le baril
- Une dépendance accrue à l’égard de régimes sanctionnés ou instables accroît la vulnérabilité de l’offre et pourrait soulever des problèmes de réputation en cas d’assouplissement des sanctions pour des raisons de commodité économique.
- Le Canada offre un système commercial fiable, fondé sur des règles et soutenu par une infrastructure de longue date, contrairement aux alternatives politiquement instables.
- Renoncer au Canada compromettrait la sécurité énergétique des États-Unis et accroîtrait la dépendance à l’égard de régimes instables.
- Le premier jour de son mandat, le président Trump a signé des décrets déclarant une urgence énergétique nationale et promettant l’abondance énergétique – pourtant, l’imposition de tarifs douaniers sur le brut canadien risque de provoquer le contraire.
- Choisir les tarifs douaniers plutôt qu’une relation énergétique compétitive, intégrée et sûre avec le Canada pourrait obliger les États-Unis à dépenser plus de 240 milliards USD pour de nouvelles capacités de raffinage, augmenter les coûts du carburant pour les ménages et affaiblir la sécurité énergétique de l’Amérique du Nord.
Références d’information :
- S. Energy Information Administration
- US Oil Imports by Country (2025)
- What’s the difference between heavy and light crude oils? And why do American refineries need both? (2025)
- Canada’s crude oil has an increasingly significant role in U.S. refineries (2024)
- Pipelines versus rail: What is the best way to transport oil? (2019)
- S. Tariffs On Canadian Oil Would Cost Billions Of Dollars (2025)
- Trump’s 25% Tariff Threat: New Analysis Reveals Severe Economic Fallout for Both Canada and the U.S. (2024)
- BP – Gulf of America (2025)
- BP – Capital markets Update (2025)
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